Quand Nic raconte la première parution du Daily Brèves.

Première parution…


Cher lectorat, c’est vraiment une pépite que je vous ai dénichée là.


La première page de la première parution du Daily Brèves.


Ho ho ho, je me souviens de ce jour et des précédents comme ci cela était hier.


Squitty était une véritable boule de nerf. Bon, vous allez me dire que cet écureuil est toujours speed… c’est vrai même si, avec les années, je dois bien l’avouer qu’il a réussi à se poser… un peu… vraiment juste un peu… en fait… très peu…

Donc, Squitty était une pile. Je me souviens, il courait, grimpait, sautait partout. Et qu’est-ce qu’il gesticulait! Au point de me donner le mal de mer.


Il faut dire que l’aventure du Daily Brèves avait commencé de manière ardue. Quand Squitty m’avait parlé de sa volonté de créer un journal pour les Êtres Pensants, lors d’une de nos conversations sur un bord de plage méditerranéen, j’avais trouvé son idée originale. Ensuite, je m’étais interrogé sur la façon dont il allait procéder. Hé bien, même si notre Squitty était une personne agitée, il savait exactement comment s’y prendre.



Premier point, fédérer certains de ses compatriotes à sa vision de créer un journal. Imaginez la tête de Cheshire et son refus catégorique, l’engouement de Sorina de propager des potins, la curiosité d’Héloïse et Abélard. Tous avaient un avis sur le sujet. Tous voulaient un journal à leur image propre. Mais cela fut réellement la sagesse de Grasse, notre belle lavande au bord du puits, qui a réussit à sensibiliser tout le monde aux idées de Squitty. Oui, oui, même notre bougonneur Cheshire changea d’avis pour accepter de jouer le jeu.



Le second point était plus pratico-pratique. Après avoir distribué les rôles à chacun, une question essentielle s’était imposée: comment constituer le journal?


Cela fut à cet instant que Bat rappela l’état physique des Êtres Pensants en ouvrant grandes ses ailes de minuscule chauve-souris. Je me souviens de la phrase qu’il avait énoncée comme si cela était hier:


Nous ne sommes que des animaux, plantes ou objets. Nous n’avons pas de pouces ou autres choses qui pourront nous aider à fabriquer quoi que cela soit?


Les dires de Bat auraient pu casser le moral de chacun. Ce qu’il amenait comme constat était un fait. Aucun des compagnons de Squitty n’était en possibilité physique d’écrire ou même de réellement construire quelque chose. Et moi, honorable lectorat, tout humain que je suis, je ne pouvais pas aider. Bah oui, étant enfermé dans le Monde des Miroirs, ce n’était pas tous les jours faciles. Cependant, passons… je vous raconterai cette histoire une autre fois.


Donc… l’idée de Squitty aurait très bien pu avorter sur l’impasse que dessinaient les réflexions de Bat, mais c’était sans compter sur l’anticipation que possédait notre ami le rongeur. Faut-il encore préciser que l’esprit de Squitty allait aussi vite que ses gesticulations répétées?


Je me souviens de la réponse de Squitty:


Oui, nous sommes des animaux, plantes et objets. Nous n’avons pas de pouces ou autres choses qui pourront nous aider à fabriquer quoi que cela soit… mais…


Squitty s’était à ce moment-là touché sa caboche d’un petit doigt surmonté d’une griffe.


Mais… nous sommes aussi et avant tout des Êtres Pensants.


Hé oui… Squitty avait déjà cogité à cette problématique dès qu’il avait eu l’idée du Daily Brèves. Il me l’avait d’ailleurs exposée sur le bord de la page à la fin de sa première aventure. C’était quoi cette idée? Bah, il allait faire entrer les tétomnisses dans la danse.


Souvenez-vous, fidèles lectrices et fidèles lecteurs, Squitty avait rencontré son premier tétomnisse lors de son périple à l’intérieur du rocher de Roquebrune. Et à ma grande surprise, le tétomnisse, qui, pour ceux qui l’ignorent encore, est une sorte de gnome, accepta de rester à la fin de l’histoire avec Squitty. Pire, si je peux dire ainsi, il fit même venir d’autres tétomnisses, qui soit dit en passant, bossaient avant pour moi!


( Soupirs )


Donc, Squitty avait tout prévu.


Les tétomnisses allaient s’occuper de tout ce qui était manuel comme: remonter la presse qui imprimait les Brèves autrefois (ce qui ne fut pas une simple affaire); ou encore, assembler chaque caractère mobile en phrases dictées par Squitty et compagnie avant de les badigeonner d’encre et d’effectuer l’impression. Enfin, tout cela pour dire… que les petites mains des courageux tétomnisses allaient régler bien des problèmes.



Restaient trois autres points majeurs à craquer.


Le suivant, l’endroit où baser la rédaction du Daily Brèves.


La solution est venue cette fois-ci par la proposition de la vendeuse au dos tordu. Souvenez-vous, sa boutique, qui se situe dans les hauteurs du village de San Peire, est quand même particulière, non? Bah si, vous en connaissez beaucoup des lieux dont les pièces changent instantanément de configuration selon les besoins des personnes qui y pénètrent ? Donc oui, l’étrange magasin de jouets de la femme au dos tordu est devenu le centre névralgique de la rédaction du Daily Brèves.


En parlant de rédaction, voilà l’avant-dernier point à constituer. Bon là, pas de problèmes majeurs. Il y en a eu des tas de candidatures pour que chacun devienne journaliste en herbe. Notre aimable écureuil n’avait que l’embarras du choix. Même Cheshire se proposa de mettre la patte à l’ouvrage. (Entre nous, je pense qu’il voulait avoir un œil sur l’article que Muette disait vouloir écrire sur ce que le chat parisien avait vraiment vu derrière la porte).


Cela fut l’un des plus gros travaux de Squitty : Correctement choisir les futurs membres de la rédaction et les aiguillonner vers de bonnes histoires à raconter.


Dernier point, et pas le moindre. Comment diffuser ce journal à chaque Être Pensant? Ce fut cette fois-ci Porcix qui apporta son aide. L’impressionnant sanglier se proposa de tenir le rôle de livreur. Alors, cher lectorat, vous pouvez m’interroger sur le fait de se demander comment un simple sanglier peut livrer un journal à chaque Être pensant et cela malgré les distances qui peuvent séparer les compatriotes de Squitty. Et à cela, je vous répondrais, qu’il y a des mystères qui ne sont pas encore prêts à être révélés. Mais sachez que les premières années, l’édition du Daily Brèves se cantonnaità la Provence.


Je rigole intérieurement. Une anecdote vient de me traverser l’esprit en me remémorant le croquis humoristique qu’avait fait le renard Fachouire en dessinant Porcix sur ses deux pattes arrières tout en portant une besace au nom du journal.



Après moultes préparations, nous voici à l’aurore du jour J.


Les idées avaient fusé, l’organisation s’était mise en place avec un naturel surprenant et les premiers articles attendaient de prendre forme sur le papier journal. Quelle émotion quand l’encre coula sur les consoles et les voyelles; ainsi que sur les doigts des tétomnisses. J’avais rarement vu un tel engouement. J’ignorais encore à l’époque le futur succès du Daily Brèves, sa notoriété fulgurante et sa qualité pérenne, mais tous les acteurs, qui s’agitaient pour faire de cette première parution une perfection, suaient sang et eau.


Un instant, nous avons tous eu la crainte que l’ancestrale presse ne tienne pas le coup. Elle grinça, crissa, vibra, cliqueta, mais celle-ci s’acquitta de sa tâche avec noblesse.


Dans la nuit du 02 au 03 juillet 1989, un étrange silence s’imposa sur les Issambres. Tous retenaient leurs souffles. Pas un bruit de criquet ni de chouette. Les vagues de la Méditerranée, si petites fussent-elles, se faisaient encore plus discrètes. La lune, au croissant descendant, voilait sa lumière. Mimosas, lavandes, bougainvilliers, ifs et eucalyptus se refusaient de jouer avec un chuchotement de mistral. Croyez-moi, honorable lectorat; tous attendaient la première parution du Daily Brèves.



Et première parution, il y a eut.


Tout s’était correctement passé. Alors oui, il y aurait pu avoir plus de suspens. Plus d’imprévus. Plus d’épreuves à surmonter. Mais n’est-ce pas un personnage de série, à la mode à cette époque, qui disait: « J’adore quand un plan se déroule sans accroc».


Oui, quelquefois, fidèles lectrices et fidèles lecteurs, il est plus difficile de tout faire tenir en un ensemble que de courir partout pour sauver les meubles.



La suite, vous la connaissez.


Le Daily Brèves fut distribué aux Êtres Pensants des Issambres et des environs. Puis à toute la Provence Côte d’Azur. Puis les années passant, à toute la France, à l’Europe, au monde!!!!!!


Oh oh oh, je m’emballe. Je vous parlerai des bureaux annexes qui se sont constitués sur tout le territoire une autre fois et revenons à cette première page que je vais vous présenter. Je ne vais pas me répéter en vous disant de nouveau que logiquement il n’y a que les Êtres Pensants qui peuvent la lire. Et je ne vais pas non plus vous expliquer comment vous, heureux chanceux que vous êtes, arrivez tout de même à la découvrir.


Mon objectif de vous partager une telle chose? Vous ne pouvez pas le deviner dans l’immédiat, mais je vous fais un clin d’œil. Vous allez le découvrir, un jour ou l’autre.


Patience.


Maintenant, et pour finir, concentrons-nous sur cette première page. Qu’allons-nous y dénicher? Tout d’abord, l’implication de Squitty et le sens qu’il donne à ce journal. Mais aussi comprendre, par le biais d’une publicité, que renter dans une communauté n’est pas chose facile pour certains Êtres Pensants. Enfin, pour les plus attentifs d’entre vous, vous allez remarquer l’encart de Muette qui nous tease ce qu’il y a Derrière la Porte.



Allez… tout cela, c’est cadeau.


Alors bonne lecture, honorable lectorat



Nic




Pour plus d’informations sur cette univers, n’hésitez pas à lire ou relire Derrière la Porte où débute cette histoire et je vous dis à très vite.


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