24 Mai 2022 - Ecrit par Emmanuel Bourgoin

DERRIERE LA PORTE - CREATION :

Les dessous des Titres de chapitre ( Part 2 )

Quand on regarde un mot, on le voit dans son entier. On prononce ses syllabes, on articule un son, on se souvient de sa définition, de son genre, voire de son étymologie. Puis, en moins d’une fraction de seconde, on l’utilise.


Pour le mot « Titres », je vous propose juste un arrêt dans le temps. Figez un instant l’écoulement des minutes, bloquez l’astre diurne au zénith et empêchez d’une pensée la chute des étoiles.


Respirez et observez-le pour prononcer chaque lettre du mot.


Mirez le T qui claque sur le palais, le I qui éclaire notre visage, l’autre T qui glisse vers le roulement du R, le E qui resplendit en voyelle et ce S au pluriel non énoncé.


Et maintenant, brouillons les pistes. Mélangez les lettres et menons le mot « Titres » vers d’autres horizons.


Que voyez-vous ?


Un tétris ? Des tirets ? L’adjectif triste ? Le verbe transitif sertir au présent et au passé simple : sertit ?


On en voit des anagrammes du mot « Titres » et on comprend à nouveau qu’un mot en cache d’autres et qu’un titre à plusieurs dessous.


Dessous que je vous propose de continuer à découvrir.


Pour cela, rien de plus simple, reprenons là où nous nous étions arrêtés lors du précédent Made-In et continuons à dérouler certains titres du roman Derrière la porte :

Chapitre 33 : Il était une dernière fois ou jamais deux sans trois.


Ce titre fait bien sur écho à deux chapitres présentés précédemment : « Il était une fois » et « Il était une seconde fois ».

Il n’est pas rare de remarquer que les histoires sont quelquefois racontées en trilogie. Mais ce qui est important dans ce titre c’est qu’une nouvelle fois, Squitty va prendre connaissance de son passé. Un passé raconté sous une autre forme, par une autre personne pouvant ainsi apporter une nouvelle vision, ébranlant esprits et certitudes.

Par ce titre et la force de l’adjectif dernière, je voulais signaler que le passé laissait aussi place au présent. Fort de toute sorte de connaissances, le personnage principal, Squitty, allait devoir maintenant agir différemment.




Chapitre 34 : Toute résistance est-elle bien futile ?


Je fais de nouveau référence au film de la série Star Trek (First Contact), mais aussi à la série Next Génération. C’était un leitmotiv qu’employaient les Borgs (un collectif de créatures cybernétiques et organiques qui souhaitent assimiler toutes sources de vie. Des pas cool, quoi !)

Je trouvais que cette diction impactait notre inconscient.

Pour Derrière la porte, je voulais emprunter cette phrase pour la mettre dans la bouche du Matagot, le rendant à son tour aussi dérangeant que les Borgs (pour ceux qui détenaient évidemment la référence). Et en même temps, en détournant cette phrase, en la transformant en interrogation, je souhaitais influer de l’espoir au pauvre Squitty qui en avait bien besoin. Car face à l’adversité, la résistance n’est, croyez-moi, pas futile !

Chapitre 36 : Fingers in the noose !


Alors là, je me suis très tôt demandé comment on avait pu inventer une telle expression purement française : on ne trouve nullement en anglais l’existence même de cette phrase.

Maintenant, il est vrai, et chacun d’entre vous peut l’avouer, qu’il est facile de mettre ses doigts dans le nez.

Pourtant, si vous vous en souvenez, les événements que vit Squitty dans ce chapitre ne furent pas si faciles. Pourtant, la résolution de ceux-ci donna aux héros un certain goût de facilité.

D’ailleurs, cela parait toujours plus simple quand le danger est passé, non ?




Chapitre 37 : Retour vers le passé


Pour faire un Flash Back s’incrustant dans l’intrigue du roman, il m’a semblé évident de faire référence à cette superbe trilogie cinématographique des années 80 : « Retour vers le futur. »

J’ai modifié un tout petit peu le titre pour l’actualiser au récit du chapitre.

Entre nous... Il est plus facile de retourner vers le passé que vers le futur, non ?

Chapitre 38 : Retour vers le présent


J’ai toujours aimé ces livres, ces films et ces séries qui traitent d’un voyage temporel.

Ce n’est pas chose aisée de traiter un tel sujet. Il ne faut pas se mélanger les idées, savoir retomber sur ses pattes, ne pas trop embrouiller le lecteur/spectateur.

L’exercice est vraiment périlleux et donc d’autant plus intéressant.

Pour ce qui concerne Derrière la Porte, il n’y a pas de voyage temporel, mais juste quelques flash-back abordés de façons différentes. Et quand on parle de flash-back, il faut savoir revenir d’où l’on vient, c’est-à-dire au présent. Un présent, comme je le note dans le roman, qui est raconté à l’imparfait. Car le présent est-il parfait ? Oh là, je me disperse ! :)

Donc après un bon dans le passé, me voilà à dire que la narration est de retour vers le présent. La boucle est bouclée !

Le titre de la trilogie : « Retour vers le Futur » est presque un non-sens que le producteur du film n’arrivait pas à comprendre. Mais le temps, en lui même, a-t-il un sens ?




Chapitre 40 : Le discours du Baptisé


Les discours sont une proposition oratoire qui m’a toujours interpellé. Je trouve le choix des mots, la pratique de la rhétorique, l’intonation imposée comme quelque chose de puissant.

Un discours pose celui qui l’annonce, qui le vit qui le transmet.

Un discours peut enhardir, soulever des foules, faire ouvrir des yeux ou, au contraire, fermer les paupières. Car dans la splendeur d’un discours bien agencé, il peut tout aussi proposer des bienfaits comme de la bile nauséeuse.

Un discours est donc aussi bénéfique que dangereux.

Concernant celui de Squitty, je n’ai pas voulu faire de lui un Jean-Paul Sartre parlant de la Liberté ou encore lui faire prononcer un oratoire tel que l’on peut l’entendre dans le film « le discours d’un roi »

Pour le discours de notre ami le rongeur, je le sentais plus brute, plus direct pouvant le rapprocher d’un certain Wallace haranguant ses hommes sur-le-champ de bataille. Un discours qui donne à chacun un sens pour l’action qu’il va entreprendre, une motivation à lutter malgré les obstacles et l’ennemi implacable. Une ode simple à la confiance en soi et au dépassement de soi.

Chapitre 49 : Artifices


Dans tout le roman, il est fait notion de la fête nationale française. Ce moment convivial qui a plusieurs fois marqué mon enfance.

Je me souviens des retraites aux flambeaux que j’ai pu faire quelques nuits du 14 juillet dans un petit village non loin de ma maison familiale. Des petits feux d’artifice tirés ici et là.

Des gigantesques feux d’artifice parisiens.

Des commémorations du bicentenaire de la Révolution française que j’ai dévorées les yeux grands ouverts.

Ces artifices qui explosaient en pétaradant, se répercutant contre mes tympans et qui auraient pu rendre sourd autant qu’aveugle. C’est un peu un message qui est insinué dans les lignes de ce roman et particulièrement dans ce chapitre. Un artifice montre ce qu’il veut, et non vraiment ce qui est. Cela amène les personnages à s’interroger, à ne pas réagir à chaud et à prendre du recul pour analyser ce qui est entendu et vu.

Un artifice est beau et sonore, mais il est très souvent faux.




Chapitre 56 : Tord-boyaux


Quand j’ai réfléchi à inventer l’intérieur du rocher de Roquebrune, je voyais en lui deux approches. Une approche gigantesque, grandiose, impressionnante voire fantastique et féérique. Je reviendrai plus tard sur cette approche avec le chapitre « Odyssée musicale ».

Une autre étouffante, éreintante, épuisante... carnivore.

Dans ce chapitre, je voulais faire ressentir au lectorat l’effet de se faire digérer. Le danger d’être poursuivit dans d’étroits passages peu accueillants, suintants et étouffants qui n’encourageaient pas la mobilité. Les personnages de Cheshire et de Bellemine étaient comme des aliments qui gesticulaient dans des boyaux, tentant d’échapper à ce suc gastrique que représentait la fumée verte (celle qui mord).

Mais contrairement à ce cher Boba Fett (qui existe dans une galaxie lointaine, très lointaine) plongeant ainsi dans la gueule du sarlacc pour se faire digérer pendant 1000 ans, les deux protagonistes de notre histoire avaient la chance de trouver une échappatoire au bout du tunnel.

Mais encore fallait-il qu’ils puissent l’atteindre !

Chapitre 57 : Jump


Quand j’ai cherché le titre du chapitre, je voulais me focaliser sur le saut que Cheshire effectue entre l’armoire et la niche dans le mur.

De suite, la chanson « Jump » de Van Halen est venue visiter mon esprit. Cependant, je me suis refusé de l’écouter (et c’est d’ailleurs pourquoi elle n’est pas créditée à ma liste de chanson).

Pourquoi ? Parce que l’ambiance de la scène que j’écrivais n’était pas du tout en corrélation avec le ton de la chanson.




Chapitre 59 : L’Odyssée musicale


Nous voici avec mon autre vision de l’intérieur du rocher de Roquebrune. Comme je le signalais tout à l’heure, je souhaitais aborder la découverte du lieu par le regard de Squitty d’une façon diamétralement opposée à celle que subissait Cheshire.

Squitty découvre l’intérieur d’une tour à l’aspect féerique, intemporel, voire impalpable tellement qu’elle est gigantesque.

Afin d’amplifier cette sensation, je me suis servi de notion musicale comme le morceau de Richard Strauss : ainsi parlait Saratrousta. Et pour bien poser un sentiment de bien-être et de bohème, j’ai cité la musique de Bedrich : Má Valtz permettant ainsi à Squitty de progresser jusqu’au centre même de la tour.

Le rôle de la musique état très important dans mon processus d’écriture (voir Made-In dédié), c’était pour moi l’occasion de l’inclure physiquement en tant que références dans le récit même de cette histoire (ce qui est plus dur à faire quand on écrit une histoire de Fantasy)

Chapitre 60 : Miroir, ô mon beau miroir qui n’est pas sur le mur, dit moi quel sont les plus beaux mots


On reconnait là facilement la version originale de « Mirror, miroir on the wall, who’s the fairest of them all? » que je trouvais plaisant de modifier par les mots (encore eux), mais aussi et surtout d’introduire l’importance des miroirs qui vont prendre un certain ascendant dans le final de l’histoire.




Chapitre 61 : Man in the mirror


Un titre qui fait écho au précédent, accentuant l’importance des miroirs (et de ce qu’ils renferment). Mais c’est aussi un clin d’œil à une chanson de Michael Jackson que j’adore « Man in the miroir ».


« I'm starting with the man in the mirror

Je commence avec l'homme dans le miroir

I'm asking him to change his ways

Je lui demande de changer ses habitudes

And no message could have been any clearer :

Et aucuns messages n'aurait pu être plus clair :

If you wanna make the world a better place

Si tu veux faire du monde un endroit meilleur

Take a look at yourself and then make a change !

Jette un oeil sur toi même et change ! »

Chapitre 66 : Un adieu et un tchao qui se veulent tragique


À l’origine, le chapitre 66 aurait dû se démarquer par une numération particulière. Je souhaitais le nommer 66 (6), car c’était dans ce chapitre que l’on pouvoir voir le Matagot (l’adversaire diabolique de Squitty) prendre le pas sur l’histoire et donner la mort à notre héros.

La victoire (même partielle) du « méchant » Matagot me laissait l’occasion de placer pour ce soixante-sixième chapitre un nouveau chiffre (le 6) à la suite de 66 afin de faire référence à la marque du diable : 666.

Mais à la vue du développement de l’intrigue, du découpage des scènes et du rythme donné, ces événements se sont déroulés dans le chapitre suivant (le 67) donc, je n’ai pu me permettre de faire ce petit amusement. :(




Épilogue ou nouveau prologue :


Afin de boucler la boucle, pour l’épilogue, je me suis engagé à effectuer la reprise du prologue tout en projetant la narration au soir (le prologue se déroulant un matin).

Je voulais ainsi montrer que le temps était passé, que quelque chose se clôturait, que Squitty avait évolué, mais qu’aussi qu’après le soir, vient la nuit puis le jour.

L’épilogue et donc l’engagement d’un nouveau prologue s’ouvrant sur d’autres aventures que pourraient vivre Squitty et ses compagnons.

D’ailleurs, le livre se termine avec le mot fin accompagné d’un point d’interrogation.




Le chapitre post-postface :


Tout d’abord, j’ai trouvé marrant de glisser un chapitre après la fin de l’histoire. Encore une fois, je trouve intéressant d’annoncer que la vie des personnages continue à vivre après la fin de cette aventure.

De plus, j’avais (en tant qu’auteur) un compte à régler avec le Matagot. Même si la décision de Squitty et de Nic de ne pas se débarrasser de cet être malfaisant était importante pour contrecarrer un possible futur, je voulais montrer au lectorat que le Matagot vivait une sorte de punition peu enviable : lui-même !

Ceci étant quelquefois peu agréable, j’ai poussé la condamnation à lui faire face à un autre ce qui fut encore pire à subir.

Je pense évidemment à Jean Paul Sartre et à son Huis clos : « l’enfer c’est les autres. »

Me voilà bien contenté, le Matagot est bien puni !

Le petit tour de ces quelques chapitres est maintenant terminé. Je vais maintenant m’atteler à retourner à l’écriture de mon prochain roman alors qu’une question s’impose :

Y’aura-t-il des chapitres identifiés, numérotés, ou même titrés ?


Pour le savoir, je vous donne rendez-vous dans quelques mois

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