16 Novembre 2022 - Ecrit par Emmanuel Bourgoin

LE FESTIVAL - PARTAGE :

« Quand la scoumoune n’a pas de chance »...

Alors voilà...


Contre la scoumoune, la poisse, la guigne, le mauvais œil, la malchance, l’exécrable karma ou le pas de-bol, connaissez-vous une formule répulsive ?


Il y a bien sûr celle de la « Chasse nuage », ou celle du « Barre-toi, tu ne me gâcheras pas ma journée » ou encore « Fais ce qu’il te plaît, moi j’avance »... mais ces recettes seront-elles assez forte pour me laisser passer ce superbe week-end qui s’est déroulé du 04 au 06 novembre ?

Pour tout vous expliquer, cette scoumoune avait pour but de s’acharner sur votre serviteur. Je le sentais. Elle était là et guettait. Elle se disait : « je vais te polluer gentiment cet instant que tu attendais depuis un moment. »

Pourquoi une telle méchanceté gratuite ? J’avais pourtant donné assez de bonbons à Halloween pour conjurer au moins une centaine de maléfices... enfin, c’est ce que je croyais.

Mais comme vous allez le lire, quand on vit de beaux partages, de jolies rencontres, rien, même pas la scoumoune, ne viendra tout gâcher !


Tout commença par un départ de Paris, Gare Saint Lazare, le vendredi 04 novembre 2022 après-midi. Je sautais dans le train, direction Rouen pour le festival du Cinema Fantastique où l’on m’attendait pour ma première expérience en tant que jury. Je dois vous avouer que l’apprentissage à venir titillait ma curiosité.

J’avais prévu de faire une pérégrination calme, sereine en étant correctement installé quand je m’aperçus que le train était totalement plein. De partout, des voyageurs essayaient de prendre une place, des bagages ici et là, des gens debout, d’autres serrés les uns contre les autres, des protestations fusaient, des grognements sourdaient, et que dire du bourdonnement incessant de la machinerie à bout de souffle qui allait nous accompagner pendant tout le trajet. C’était une véritable orgie de sons et de mouvements avec un goût de Miyasaki lorsque j’extrapole cette scène en pensant aux pirates de Porco Rosso engoncés dans leurs hydravions.

Sauf que là, j’étais juste dans un train..Me voilà donc installé tant bien que mal sur un fauteuil dur et rêche, écrasant mon sac à dos contre la fenêtre et laissant ma valise à la sauvage dans le passage en compagnie d’autres sacoches, besaces, cabas, fourre-tout, musettes, cartables et même un pochon qui s’était trompé de région.

Le train démarre. Il traîne quelques secondes puis prend de la vitesse... je peux dire officiellement que c’est parti.

Lors de mes périples, j’aime bien écrire. De voir les paysages défiler en tableaux impressionnistes derrière la vitre du train m’apaise et m’ouvre l’imagination comme un stimulus visuel. Je sens mon esprit se bercer dans cette invitation au voyage.

Juché sur une fesse, je suis flanqué d’un côté de mon sac à dos (impossible de le mettre au sol ou autre part sans gêner quelqu’un) et de l’autre côté d’une petite fille. La gamine avait à peine 10 ans, je pense. Mince, pour ne pas dire gringalette, elle prenait pourtant une sacrée place. J’ai dû même combattre âprement pour avoir un morceau d’accoudoir quand j’ai ouvert mon ordinateur portable afin d’écrire. Car oui, malgré la situation inconfortable de ma position en tant que voyageur, je ne pouvais résister à l’appel de l’écriture. Et puis... l’écriture est l’un des contre sort le plus puissant que je connaisse contre tout ce qui peut être désagréable.

Écouteurs aux oreilles, renfermé dans ma bulle au milieu des mots, des dialogues, des actions de mes personnages (qui je dois bien l’avouer, sont aussi bruyants, voir plus, que tous les individus en chair et en os qui m’entouraient réellement) je pianotais tant bien que mal sur le clavier quand mon attention fut alertée par un mouvement. Ou plutôt par l’absence de mouvement. M’extirpant difficilement de mon écriture, je jette très discrètement un œil en direction de la petite demoiselle.

Celle-ci ne bougeait plus. Son téléphone en main venait de s’éteindre suite à un soudain désintérêt. La fillette délaissait son jeu pour lire les lignes que j’écrivais. Un souvenir d’écolier me soufflait de cacher mon texte, qu’il y avait une copieuse à côté de moi ! Cela me fait sourire. Je repris le travail sachant que j’avais donc une lectrice.

Il faut tout de même dire que j’étais un peu gêné d’être ainsi lu, car le passage que je turbinais avait un ton assez grave même si le personnage présenté à ce moment du récit était un enfant.

Au bout d’une petite heure de trajet, le train stoppe au premier arrêt. L’espiègle range son téléphone, remets son manteau et, au moment où sa maman, qui était assise non loin, lui prit la main, la gamine m’apostropha en me demandant :

« Va-t-il s’en sortir ? »

Elle parlait évidemment de mon personnage.

Vous n’imaginez pas la joie qui transperce le cœur et l’âme d’un auteur quand il entend une pareille chose. Je venais de tirer une enfant de son smartphone le temps d’un voyage avec un écrit brut qui n’était, de surcroît, nullement destiné à un très jeune lectorat.

Je lui fais alors un clin d’œil et je donne la réponse qu’elle avait demandé.

Ravie, la gamine me sourit avant de descendre de l’omnibus, accompagnée d’autres voyageurs.

La cacophonie du wagon s’estompa un peu, sauf ce maudit ronronnement de machine qui imposait sa présence. Mais le train pouvait crisser, grincer, gémir, craquer et bruire, je m’en moquais, car j’étais enchanté (dans tous les sens du terme) par cette brève rencontre et nul désagrément présent ne pouvait en cet instant me contrarier.

L’arrivée à Rouen est une belle surprise.

Je ne connaissais pas cette ville et je dois dire que le hall de la gare et sa façade me parlent immédiatement. J’aime la pierre, les histoires et l’Histoire. Quelques pas sur le pavé de cette cité et je sens déjà comme une fulgurance, une sorte de vibration... oui, je crois que je vais bien aimer cette agglomération.

Je suis accueilli par un Normand, Alexandre Nicol, qui est l’organisateur du festival et de la convention. Alex est une crème ! Professionnel, passionné, il est le fondateur d’un atelier d’effets spéciaux expérimenté dans la création de maquillage FX, masques, costumes, accessoires, figurines et décors. (Phoenix Effect). J’avais un peu conversé par téléphone avec Alex afin de préparer mon arrivée. Et très vite, nos entretiens s’orientèrent naturellement vers la lecture et le cinéma. Là où un coup de fil devait durer dix minutes, se prolongeait en heure.

Alex était à fond... le festival débutait dans la soirée. Me voilà dans son véhicule et nous parvenons à l’hôtel. En cet endroit, je rencontre une partie du jury du festival qui a été composé par son président, l’acteur Bô Gaultier de Kermoal. Je salue donc Vincent Tartar et Dune Irons.

Je me fais un bref instant timide, à part , je ne connais personne. Mais comme avec la ville de Rouen, je ressens de suite une ondulation qui lie chaque personne et qui apaise toute appréhension.

Après s’être installé, on nous propose une petite visite de la ville. Suivant notre guide qui se prénomme Elsa (bénévole travaillant pour le festival), nous flânons un instant, faisant connaissance par un jeu de questions/réponses. J’ai souvent dit que la marche était un moment privilégié pour la pensée et l’imagination. Elle l’est aussi importante quand elle guide les promeneurs sur le chemin de leurs rencontres. Me viennent maintenant en tête les paroles du tube de Jean-Pierre Jaubert :

« Personne dans le monde, ne marche du même pas ; et même si la Terre est ronde, on ne se rencontre pas. ... »

Hé bien là, cette marche nous a fait nous rencontrer.


Devant le cinéma Omnia qui a programmé les courts-métrages du festival, Frank Hermet, le dernier membre du jury nous rejoint en compagnie d’Alex Nicol.

Nous voilà au complet. La soirée peut débuter.

En cet instant, vous vous demandez, où est la scoumoune, les petits tracas ou autres... Soyez patient.


L’écran de cinéma est devant nous. Cette belle toile blanche où se dessinent les couleurs du festival m’hypnotise un instant. Je sens derrière moi les spectateurs. D’habitude, quand je viens voir un film, je suis parmi eux. Mes chuchotements font parti du brouhaha.

Là, c’est différent.

Cela va bientôt débuter. Je mets mon téléphone sur avion et le glisse entre mes jambes, sur l’assise même de mon fauteuil.

Avant la projection des six premiers courts-métrages, le directeur du cinéma Omnia accueille le public par un petit discours. Le festival se fait en deux parties. Celle de ce soir, et la seconde le lendemain soir. Puis c’est au tour du président du jury de parler.

monte sur l’estrade, se présente comme il sait le faire, avec professionnalisme, aisance et coolitude absolue, puis il appelle son jury.

Je me lève tandis que l’assise du fauteuil se rétracte, passe devant des spectateurs et nous voilà donc en vis-à-vis. Vous qui êtes venus voir ces courts-métrages. Vous que j’allais peut-être retrouver le lendemain face à mon stand de livres à la convention. Vous...

J’inspire. Je vous regarde tous posés dans ses fauteuils rouges. Je remarque des têtes, des sourires, des éclats dans vos yeux. Cela dura le temps d’une respiration, mais je sens la toile de cinéma au-dessus de moi se gonfler d’un vent nouveau. me passe le micro. Je me jette à l’eau en me présentant puis c’est au tour de Dune, Vincent, Franck de prendre la parole. J’ai l’impression d’être sur un nuage fantasmagorique.

Au moment de retourner à nos places, je rabats l’assise de mon fauteuil, mais celui-ci bloque. Je tente de nouveau. Idem. Un son m’interpelle. Une sorte de craquement qui se répéta deux fois.

De suite, je pense à mon téléphone que j’avais oublié d’enlever du fauteuil lorsque m’avait invité à le rejoindre. Je sens le rire de ce mauvais œil qui avait glissé le téléphone pile-poil dans le mécanisme du fauteuil et en faisant bouger l’assise, hé bien... je l’écrasais tout simplement.

Me voilà à quatre pattes, en train de récupérer mon téléphone dont je découvrais l’écran de protection totalement fracassé. En un jour normal, cela m’aurait miné, peut-être même un peu énervé. Mais là, rien... j’étais trop heureux d’être parmi vous, en cet emplacement, à cette occasion.

Je glisse l’appareil dans ma poche et je décide de profiter du moment présent.

Boudeuse, la poisse s’éloigna donc, peu satisfaite de ne pas avoir eu d’impact sur ma joie de vivre.

Les lumières s’éteignirent. La projection allait commencer.


Les six courts-métrages de la soirée étaient les suivants :




Orogénèse6 min 27 s ( Animation )


Synopsis : Avant l’aube, un étrange personnage né du ciel s’écrase dans un désert. Réveillé et vulnérable, il va se démener pour retourner au plus haut point dans le ciel en faisant face à une terre en éveil. Pourtant dans son ascension effrénée, quelque chose se passe sous ses pas...


Réalisateurs : Axel Vendrely, Damien Barthas, Lise Delacroix, Emma Gaillien, Pierre Legargeant, Roland Van Hollebeke




Piñatas13 min 27 s (Prise de vues réelles )


Synopsis : Dans un atelier de fabrication de piñatas en prison, Yaëlle attend avec impatience la visite mensuelle de son fils Swann. Autour d’une partie de « Qui-est-ce ? », rien ne se passe comme prévu.


Réalisatrice : Léa Sarra




Article Amour5 min 29 s ( Animation )


Synopsis : À l’occasion de son anniversaire de mariage, Brigitte tente tout pour rallumer la flamme entre elle et son mari, ancien croquemort. Quand elle découvre que la dernière construction de sa voisine Martha ressemble à un cercueil, Brigitte n’a plus qu’une idée en tête, voler ce cercueil et l’offrir à son mari pour qu’enfin il la regarde.


Réalisateurs : Clara Duvert, Margot Chauchoy, Cédric Bagein, Laure Maitrehenry, Mattéo Martinez, Julien Cabezas




La Meute6 min 9 s ( Animation )


Synopsis : Après une journée éprouvante, Marion, une jeune femme d’une vingtaine d’années, raconte son histoire à un policier dans l’espoir de se faire entendre. Selon elle, le responsable fait partie de la Meute. Selon lui, le responsable c’est elle.


Réalisateurs : Louise Cottin-Euziol, Lou-Anne Abdou, Antoine Blossier Gacic, Charline Hedreville, Agathe Moulin, Victoria Normand, Gabriel Saint-Frison




The Basilisk7 min 14 s ( Animation )


Synopsis : Un homme reçoit un appel téléphonique troublant de la part d’un de ses collègues à propos d’une IA qui viendrait à voir le jour.


Réalisateurs : Chloé Delestrain, Owen Masson, Lancelot Myja Le Guludec, Morrigane Haudry, Nathan Peyren, Gaël Lejeune, Baptiste Belperin




Babel, le dernier matin du jour 21 min 8 s (Prise de vues réelles )


Synopsis : Seul dans l’espace, un astronaute survit en orbite autour d’une Terre désertée. Des messages lui parviennent dans une langue qu’il ne comprend pas, et ses tentatives de communication avec le reste du monde se soldent toutes par des échecs.


Réalisateur : Valentin Soulet




La première délibération du jury fut intense. C’était incroyable d’entendre ce mélange d’émotions, de professionnalismes, d’avis sur une seule œuvre. Comme un bon plat, nous le décortiquions.

Nous le retournions dans tous les sens. Nous le humions pour mieux le goûter. On partageait nos opinions, on expliquait nos positions, on écoutait celles des autres, on modifiait notre angle d’approche afin de comprendre d’autres visions...

Dans les yeux de chacun, je percevais le bonheur d’être là, la joie de parler du cinéma, la satisfaction d’entendre des histoires racontées sous un autre biais, la félicité de se retrouver au milieu d’un groupe d’artistes aux approches humaines et constructives.

En clair, ce moment était le pied, le nirvana, un ravissement, un véritable délice.

Au bout de notre consultation collective, un choix se profile. Nous avons maintenant hâte de voir la sélection de la seconde soirée.


La nuit fut courte. L’excitation des événements passés parasitait un peu mon sommeil. Mais je devais me laisser bercer dans les bras de Morphée, car le demain sera une journée prometteuse.

(Si évidemment Madame Scoumoune décidait de me foutre la paix... vous y croyez, vous ?)

Bô Gaultier et moi-même avions rendez-vous à la Halle aux Toiles le samedi à partir de 10 h pour la Convention Fantastique de Rouen.

À deux pas de la magnifique cathédrale, le cadre était superbe. L’équipe d’Alex Nicol avait fait un véritable travail d’orfèvre en ce qui concernait la décoration.

Les exposants peaufinaient leurs étals et je me dirigeais vers mon stand (que j’avais préparé la veille, juste avant notre balade guidée rouennaise).

Je retrouvais donc là une belle table, mes livres, mon encrier, ma plume en verre de Murano, ma fève représentant Squitty l’écureuil, mes catalogues, mon chapeau d’Indy, mes marques pages et mon...

Mais que s’était-il passé ? Mon Roll Up était plié au lieu d’ouvrir sa voilure et exposer l’illustration qu’Olivier Hirtz m’avait faite pour l’occasion. Je m’approche et j’entends le ricanement de la scoumoune. Je le déroule et l’inévitable est là. Il est déclipsé en haut à droite, faisant pendre un morceau de la toile. De nouveau, le sentiment de « pas de chance » souhaite s’emparer de moi.

Mais je résiste. Vu la belle journée et la soirée de la veille, je ne doute pas. Je l’installe, je tente de le réparer, en vain. Il est un peu branlant, mais il fera l’affaire.

La convention est ouverte.

Les premiers visiteurs entrent au compte-gouttes. Je rencontre alors des lecteurs qui sont venus avec leurs propres livres et qui me demandent de les signer. Je croise une personne que je ne connaissais que par échange de mail et je découvre un nouveau lectorat. Je dédicace, j’explique mes univers, parle de mon écriture... j’ai un énorme plaisir à être là, parmi vous.

Dans la convention un défilé de Cosplays passe. Du sang, des tombes, des zombies qui laissent tomber par inadvertance un bras, une fée portant une tasse à thé par ici, un Batman mastoc par là.

Alors qu’à la table d’à côté se faisait prendre en photo, la scoumoune souhaita nous rappeler sa présence. Si je voulais vendre un de mes livres, il m’était impossible d’utiliser mon TPE :

« problème de réseau ».

Oh malheur !

Hé bien, là encore... ce n’était pas tragique. Et cette force est venue de vous, cher lectorat. Car il vous en faut plus pour être désarçonné. Pas de TPE, pas grave, il y a d’autres moyens de paiements ! Ce n’était pas un ennui technique qui allait vous gâcher la fête ! Allez, casse-toi, scoumoune !

C’est ainsi que j’ai pu vous rencontrer, vous : Morgane, Stéphane, Nathan, Marion, Luka (avec un K), Loïc, Judith, Louise, Robin, Samy, Divine, Fany, Aloïs, Maximin, Mina, Clémence, Nolan, Pierre, Agathe, Candice... etc. Bon, je ne suis nullement Amélie Nothomb et je ne peux, comme elle, retenir tous vos prénoms.

Ne m’en voulez pas... Il paraîtrait que son secret pour la mémoire se trouve dans la coupe du champagne qu’elle consomme. Devrais-je peut-être m’y mettre ?

Les dédicaces sont signées, des rencontres sont faites et il est temps de clôturer cette première journée de convention afin d’embrayer directement sur le festival pour la seconde session des courts-métrages.


On aurait pu dire que et moi allions retrouver tout le jury au cinéma, mais le jury ne nous avait pas quittés de la journée.

C’était une formidable surprise de partager avec eux cette première journée de convention. On a eu conjointement d’épatantes conversations ! La comédienne Sarah Monjaret était aussi de la partie sur toute la convention. Que de beaux échanges avons-nous eus tous ensemble !

Pas de doute, en constituant son jury, a réussi à rassembler des personnes différentes qui ne pouvaient que bien s’entendre !


Nous revoilà dans la salle de projection du cinéma Omini.

Le monde est de nouveau derrière moi. Le brouhaha du public est toujours là. Cette fois-ci, mon téléphone à l’écran cassé reste dans la poche de mon blouson de cuir. Je retrouve dans la salle certains de mes nouveaux lecteurs, que j’avais croisés dans la journée comme Morgan et Robin.

Je les sens impliqués, comme beaucoup de monde. Eux aussi doivent voter. Il y a deux prix du public à remettre : Celui de la meilleure animation et celle du meilleur court-métrage.

Comme sur nous, une certaine responsabilité pèse sur leurs épaules.

Le jury se présente comme la veille pour les nouveaux spectateurs puis on attend... on attend..on attend. La projection ne commence pas. On flaire quelque chose de pas normal. Je devine que la scoumoune nous taquine encore en apprenant qu’il y a eu un petit quiproquo sur les horaires de la projection. Mais à nouveau, ce n’est pas grave. Le bénévole qui anime la soirée tente de combler les 30 minutes qu’il restait à attendre. On ne pouvait pas le laisser ainsi s’embourber, le pauvre... alors le président du jury donne le ton. se retourne vers les spectateurs et se met à leur parler. On suit le tempo. Je me retrouve en train de papoter avec une bande de Normands.

Quelques un arrivaient d’Yvetot, cette ville de Seine-Maritime. Je les félicite, car, cette ville normande vient de connaître un sacre avec le prix Nobel de littérature remis à leur écrivaine Annie Ernaux. Pour la petite histoire, j’avais dormi à Yvetot au mois de juin. C’est bête, mais des anecdotes aussi sommaires que celle-là créent des petits liens. D’autres sont originaires d’un peu plus loin, de la côte d’albâtre, entre Saint-Valéry-en-Caux et Saint-Aubin-sur-Mer. Là encore, le

partage est immédiat. Il fallait dire que je revenais d’un périple qui s’était déroulé exactement dans ce coin. La coïncidence est marrante. On rit, on raconte des histoires et le temps passe si vite que quand la salle s’obscurcit pour la projection, on est presque surpris.

On reprend tous notre place. La seconde partie de la sélection du festival s’offre à nos perceptions.

Les six courts-métrages du soir étaient :




Le réveil2 min 9 s (Prise de vues réelles )


Synopsis : Au milieu de la nuit, un jeune enfant appelle son père pour être rassuré. Mais son père sera-t-il à la hauteur ?


Réalisateur : Quentin Porte




Sauerkraut7 min 27 s ( Animation )


Synopsis : Un jeune homme veut demander la main d’une jolie Alsacienne à son père, mais ce dernier est un homme très étrange, effrayant, et maître en choucroute. Le jeune homme, malgré sa maladresse, décide de lui cuisiner une choucroute pour gagner la main de sa belle. Littéralement.


Réalisateurs : Andréa Marszalek, Hugo Greiner, Maïté Dufour, Floraya Marlin, Alix Poirier, Camille Krempp




Un Monde sans crise20 min (Prise de vues réelles )



Synopsis : Emilie, jeune femme de 30 ans aussi spontanée que maladroite, rate tous ses entretiens d’embauche les uns après les autres. Sous pression, harcelée par le propriétaire de son appartement, elle espère beaucoup du nouvel entretien qu’elle a obtenu cet après-midi-là. Mais dans un futur proche où les exigences sociales ne sont plus tout à fait les mêmes, rien ne va se passer comme prévu...


Réalisateur : Ted Hardy-Carnac




Almost Unreal 6 min 22 s ( Animation )


Synopsis : Obsédé par la perte de sa petite sœur, un vieil homme de ménage crée un monde merveilleux en collage, espérant la faire revenir. Mais lorsqu’il croit la retrouver, son monde parfait vole en éclats...


Réalisateurs : Eve de Montbrial, Léa Vasselle-Bossy, Margaux Kempff, Grégoire Deranville, Ambre Jacques, Eléonore Chaumont, Alexis Descamps




Angle Mort6 min 49 s (Prise de vues réelles )


Synopsis : Une jeune femme est hantée par un homme qui semble être lié à son passé. Il se trouve en permanence juste derrière elle, dans son angle mort.


Réalisatrice : Alexandra Mignien




Fred20 min (Prise de vues réelles )


Synopsis : Fred, la quarantaine, vit seul à la campagne. Cantonnier la semaine, il coule une vie paisible, sans histoire. Mais chaque week-end, l’aventure l’attend au coin d’un bois, d’un champ, ou d’une marre asséchée. Car depuis ses 15 ans c’est tous les dimanches matin qu’il prend sa pelle, son sac à dos, et son détecteur de métaux, pour parcourir inlassablement les campagnes alentour. Après toutes ces années, il lui reste encore bon nombre de carrés de nature à sonder afin de découvrir le trésor ultime. Jusqu’à peu, le Saint-Graal prenait l’apparence d’une capsule de bouteille de bière ou d’un fer à cheval. Et puis un jour, enfin, il découvre une chose extraordinaire qui va changer à jamais le cours de sa vie...


Réalisateur : Vincent Joubert

La seconde délibération est aussi intense que celle de la veille. On partage, on défend nos positions, on écoute les arguments de chacun. Le choix est difficile. Nous ne souhaitons pas nous emballer. Nous avons évidemment nos préférés pour des approches distinctes. Mais nous avons aussi nos points communs. En fait, pour des raisons différentes, nous avons plein de points communs. Nous prenons la sélection dans sa globalité. Nous travaillons sur chacun des films. Un par un, comme une fleur qui se voit soustraire chaque pétale, nous nous obligeons à mettre des courts-métrage de côté. Nos décisions sont claires et posées. La liste se rétrécit. Après un laps de temps, il nous reste deux films. L’un est supérieur à l’autre, mais nous n’arrivons pas à éliminer le second, car il est très méritant. Alors, après mûre délibération : nous tranchons !


Le public a aussi voté :

Pour la meilleure animation, il a décerné le prix à La Meute de Louise Cottin-Euziol, Lou-Anne Abdou, Antoine Blossier Gacic, Charline Hedreville, Agathe Moulin, Victoria Normand, Gabriel Saint-Frison

Pour le meilleur court-métrage, c’est Babel, le dernier matin du jour de Valentin Soulet


En qui concerne le jury :

Le court-métrage de Ted Hardy-Carnac : Un Monde sans crise reçoit la mention spéciale du jury.

Et le « Piranha Alien d’or » du jury revient à Orogénèse d’Axel Vendrely, Damien Barthas, Lise Delacroix, Emma Gaillien, Pierre Legargeant, Roland Van Hollebeke

La soirée se termine sous les applaudissements.

On va se restaurer et on papote, papote, papote au point d’oublier qu’il faut se coucher.

Le lendemain, dernier jour.

Il pleut à verse. Des cordes chutent des cieux, l’eau ruisselle dans les rues de Rouen, les parapluies font danser leurs baleines et peu de gens sortent le nez de leurs chaudes demeures. À la convention, on croise un peu de monde, mais les signatures et les dédicaces sont là. De nouveaux lecteurs se présentent à ma table. Ils sont souvent intéressés par mon premier ouvrage : « Frères de Savoriur » afin de pouvoir entrer dans l’univers de Milia Facia par la grande porte... Squitty (Derrière la Porte) a aussi ses fidèles. C’est très captivant de comprendre ce qui anime l’envie des lecteurs. Ce qu’ils pensent sur le moment. De voir que certains viennent de loin et pas simplement de la région, d’entendre leurs approches sur le fantastique et la fantasy et plus largement sur l’écriture en elle-même.

Là encore, j’inscris des noms sur les pages de garde : Isabelle, Rose, Hélène, Killian, Cyrille (avec lle), Mélodie, Sandra, Yanis, Orlane... etc..Encore une fois, je ne peux mémoriser tous vos prénoms (je n’avais toujours pas bu le champagne d’Amélie Nothomb !). On m’a même demandé une dédicace sans prénom : alors, j’ai mis : à tout ceux qui vont lire ce livre.

Et vous savez quoi ? Mon Roll Up fut réparé (en grande partie) grâce à l’intervention manuelle de Vincent Tartar et de Dune Irons. Quand je vous le dis que ce jury est trop fort ! Cerise sur le gâteau, le réseau était réapparu... je pouvais faire de nouveau fonctionner le TPE !

Cependant, on s’inquiète pour la conférence que tout le jury devait tenir pour 14 h. La pluie va-t- elle faire fuir les futurs auditeurs ?

Quand on revient de table, il y a peu de foule... même pas du tout. Parvenir à l’orée de la ligne d’arrivée et se faire doubler par la scoumoune... c’était inadmissible ! Et ce n’était pas sans connaître la force du caractère du jury. Malgré les chaises vides en face de nous, nous prenons place et attendons (en faisant quelques sketches de notre cru, je dois bien l’avouer) quand tout doucement, mais sûrement, les sièges furent occupés par des nouveaux arrivants. L’endroit se remplissait et la conférence allait pouvoir débuter.

Ouf !

Celle-ci était menée par Elsa (notre guide bénévole du vendredi soir). Les interrogations posées au groupe ou à chaque individu étaient pertinentes et travaillées. Cette conférence fut un véritable plaisir. On se passait régulièrement le micro, chacun complétant l’autre. Encore une fois, je ne pouvais que constater cette osmose entre nous. Les questions/réponses faites ensuite par le public étaient tout aussi passionnantes. Je dois dire que ces échanges étaient un ravissement. La conférence qui devait durer initialement une heure déborda sur l’heure suivante puis sur la demi-heure encore suivante. Mais pourquoi bouder son bonheur quand cela est bon ? !


Et voilà... la journée se termine.

La convention aussi.

Les exposants remballent leurs stands. Nous sommes un peu fourbus, mais encore pleins de vitamines boostées par l’adrénaline.

Des mains se serrent, des bises claquent. C’est le moment des adieux ou plutôt des « à bientôt ».

Chacun repart alors chez soi pour un sommeil très mérité !


Avant de clôturer ce petit récit, je voudrais de nouveau remercier tous les anciens et futurs lecteurs (lectrices) qui sont venus me voir pour une signature, pour un achat ou pour juste un beau partage.

Évidemment, Alex Nicol dont la préparation et le déroulement du festival et de la convention reposaient sur ses épaules.

Les stagiaires de Phoenix Effect pour leurs services. Elsa et Mielle pour leurs accompagnements de tous les instants ainsi que tous les bénévoles.

Un merci à Olivier Hirtz pour son aide concernant l’organisation de mon stand et l’illustration de ce fameux Roll Up. À Delphine Pasquier pour la logistique du matériel à l’aller et ses encouragements, et Nicolas Ricard pour la logistique retour.

Un formidable merci à Franck Hermet, Vincent Tartar, Dune Irons, Sarah Montjaret pour m’avoir ouvert vos bras, votre humanité, pour m’avoir, chacune et chacun, partagé vos passions, me faire sentir bien dans ce que nous faisons, réalisons, d’encore embrasser les rêves, le fantastique et l’art de la création.


À Koda, notre mascotte à la belle truffe.

Et enfin, à toi Bô Gaultier de Kermoal pour nous avoir tous choisis et réunis. Pour croire en nous et nous accompagner dans ces aventures qui font de véritables souvenirs indélébiles.


J’oublie un remerciement. À la scoumoune qui a essayé de gâcher sans aucune réussite ces beaux moments. Ces interventions avortées m’ont servi à vous raconter ce Week-End au festival Fantastique de Rouen sous un autre angle. Et si un jour un court-métrage est tourné sur ces circonstances : il pourra porter le titre : « Quand la scoumoune n’a pas de chance »... ou un truc du genre.

Site d’Alex Nicol : https://www.phoenix-effect.fr/



Site de Vincent Tartar : https://vincent-tartar.fr/



Chaine « YouTube » de Vincent Tartar : https://www.youtube.com/c/LeCoinduChefOp



Site d’Olivier hirtz : https://www.olivierhirtz.com

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